Thursday, November 16, 2006

Pourriture




Que ce corps de viande lourde, si lourd.
Soit d'air et d'eau, se résolve en rosée.
Que la morale n'eut pas mis (à tort) son véto sur le meurtre de soi.
Et que tous les usages de ce monde me semblent fatigués, plats, défraichis.
Il fait vomir.



C'est en regardant dans les entrailles de sa propre médiocrité qu'on se dit que parfois : rien ne vaut la peine. La décomposition semble être partout, surtout dans nos mains propres. Autant les fourrrer dans ses poches, qu'on puisse pourrir en paix.

Il est pas facile à construire, ce putain d'invincible été.

Monday, November 06, 2006

Mes mots



J'aurais voulu mettre de l'ombre dans mes mots, leur insuffler cette grandeur terrible qui fait gronder les hommes. J'aurais voulu les rendre effrayants, qu'ils terrassent celui qui les lit. Qu'ils soient capables à eux seuls de renverser des coeurs et de détruire des âmes.

J'aurais voulu que tu entendes l'orage quand mes mots te le racontent, qu'ils hurlent quand je ne peux parler, qu'ils vocifèrent ce que tu ne veux écouter. Qu'ils t'arrachent les yeux de ta mollesse, qu'ils te forcent à regarder et qu'ils brillent, qu'ils brillent de toute la noirceur que je leur injecte. Qu'ils soient coupants et pointus, pour que tu te piques à vouloir trop les toucher.

J'aurais voulu tuer d'un seul d'une seule phrase. Créer, ou détruire. Que mes mots endossent mes honneurs et mes crimes, qu'on les juge eux, et leurs tournures indélicates, plutôt que moi et mes rudes manières. Laissez moi en paix, et faites la guerre à mes lettres.

Mes mots se lèveraient, dans un bruit de papier, et marcheraient vers toi.

Je marcherai derrière eux, derrière cette cohorte plus vivante que mes pas trop usés, ils brandiront le drapeau et je saignerai pour eux.

Mais ma prose vient tout juste de te le montrer, l'armée de mes mots n'est pas levée. Il ne tient qu'à moi de me mettre debout, et d'avancer.

Rappel



"The fence around your garden won't keep the sky from falling."